Une statue « décapitée » à 15 minutes de Perpignan
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Publié : 14h02 par Samuel Bravo
Dans la nuit du mercredi 25 au jeudi 26 juin 2025, la statue du torero qui trône depuis plus de deux décennies à l’entrée de Millas a été vandalisée. Cette fois, c’est la tête qui a été sectionnée, ne laissant qu’une silhouette mutilée sur le rond-point.
Une enquête en cours
La dégradation a été constatée tôt ce jeudi matin par plusieurs riverains empruntant le rond-point principal de la commune, se situant à la sortie du village en direction de Saint-Féliu-d'Amont. Le torero, emblème local depuis plus de vingt ans, était toujours debout, mais sans tête. Alerté, le maire de Millas, Jacques Garsau, s’est rendu sur place avant de déposer plainte dans la matinée auprès de la gendarmerie.
« Je suis choqué. C’est une attaque à la fois contre une oeuvre d’art, contre la liberté et contre l’un des symboles de la ville. », a-t-il déclaré.
Une enquête a été ouverte pour identifier le ou les auteurs de cette dégradation. Les forces de l’ordre se sont rendues sur les lieux pour effectuer les premiers relevés. Pour l’instant, aucune caméra de vidéosurveillance ne couvre directement le rond-point, ce qui complique les investigations. Les gendarmes s’appuient donc principalement sur des témoignages d’habitants et sur une possible circulation de photos ou d’indices en ligne, une source devenue courante dans ce type d’enquête pour faits de dégradation.
Seconde dégradation en 10 ans
Ce n’est pas la première fois que la statue est la cible d’un acte de vandalisme. Dans la nuit du vendredi 7 au samedi 8 août 2015, en pleine féria de Millas, la sculpture avait déjà été découpée. À l’époque, les auteurs s’en étaient pris au buste : la partie supérieure de la statue avait été sciée, arrachée du socle, puis abandonnée dans un fossé du village.
Le mot « Abolition », peint en lettres rouges sur le socle, ne laissait nul doute quant au message. La commune s’était retrouvée au cœur d’un débat autour des corridas, entre défenseurs d’une tradition culturelle ancrée dans le sud et militants pour les droits des animaux.
Quelques semaines plus tard, la statue avait été réparée, malgré les tensions. Le corps, recollé sur les jambes restées en place, avait permis à la silhouette du torero de retrouver sa forme d’origine.
Signes de contestations, à sept semaines de la féria de Millas
Contrairement à 2015, aucun tag ni inscription n’a été retrouvé sur place. Mais malgré ce manque de revendication visible, le geste paraît pensé, presque symbolique.
Difficile de ne pas y voir un clin d’œil aux tensions persistantes autour des corridas. Millas, comme d’autres communes des Pyrénées-Orientales, organise chaque été une féria avec des spectacles. Ces dernières années, les associations anti-corrida ont multiplié les actions de sensibilisation dans la région, parfois accompagnées de manifestations sur les lieux mêmes des festivités.
À sept semaines de l’édition 2025 de la féria de Millas, cet acte de vandalisme pourrait être perçu comme un signe d’hostilité anticipée. Sans slogan ni signature, il reste néanmoins difficile d’en attribuer la responsabilité.