Pyrénées-Orientales : Que sont les Oxycarenidae, ces petits insectes qui envahissent des propriétés de notre département ?

Colonie d'Oxycarenidae sur un arbre
Crédit : ©Samuel Bravo

Publié : 16h18 - Modifié : 16h20 Samuel Bravo

Depuis quelques semaines, des hordes de petits insectes se font remarquer sur les façades et terrasses de nombreux habitants des Pyrénées-Orientales. Ces insectes, des Oxycarenidae, arrivent parfois même à rentrer dans les habitations. Que faut-il savoir sur ces punaises, et faut-il réellement s’en inquiéter ?

 

 

Une prolifération visible et surprenante

 

Dans les rues de Perpignan, à Alénya ou encore dans les villages de la Salanque, nombreux sont les habitants qui remarquent la présence insolite de petits points noirs sur leurs façades. En s’approchant, ils découvrent qu’il s’agit de véritables amas d’insectes, agglutinés les uns contre les autres sur les murs exposés au soleil. Certains en retrouve même amassés sous les rebords de fenêtres, ou le long des cadres de portes.

 

Ce spectacle a de quoi surprendre, et pour beaucoup, c’est la première fois qu’ils assistent à un tel phénomène d’une telle ampleur.

 

« Au début, on ne comprenait pas d’où venaient toutes ces bêtes. Il y a une semaine, on s’est rendu compte qu’elles colonisaient carrément certaines branches d’un arbre proche de la terrasse. Certaines restent dehors, immobiles, tandis que d’autres tentent d’entrer dès qu’on ouvre la porte », raconte une habitante de Villelongue-de-la-Salanque.

 

À Alénya, la municipalité a même fait intervenir une entreprise spécialisée dans un quartier de la commune pour contenir la prolifération de ces insectes. Les résidents évoquaient alors une espèce « très invasive » qui recouvrait murs et trottoirs, certains précisant avoir dû redoubler de vigilance pour empêcher ces petites bêtes de s’introduire dans leurs maisons.

 

 

Zoom sur ces insectes venus en masse

 

Ces petits insectes, que beaucoup confondent d’abord avec des pucerons ou des fourmis volantes, appartiennent en réalité à la famille des Oxycarenidae. Il s’agit de punaises de très petite taille, mesurant entre 3 et 5 millimètres, au corps allongé de couleur brun ou noir. Leurs ailes, partiellement translucides à l’arrière, leur donnent parfois un aspect rayé lorsqu’elles se déplacent au soleil. Elles sont également reconnaissables grâce au rouge présent sur le haut de leur abdomen, juste sous leurs ailes.

 

Le trait le plus marquant de ces punaises reste toutefois leur comportement très collectif : elles vivent, se déplacent et se regroupent en colonies denses, ce qui explique ces impressionnants amas visibles sur les façades. Individuellement, elles passent facilement inaperçues, souvent immobiles. Mais rassemblées par centaines, elles finissent par former de véritables plaques mouvantes sur les murs et le sol.

 

Les façades bien exposées et les interstices des habitations offrent alors un refuge idéal, transformant parfois une simple curiosité en invasion visuelle de grande ampleur.

 

Ces punaises sont naturellement présentes dans nos campagnes, notamment dans les zones de cultures céréalières ou de friches où elles se nourrissent essentiellement de graines. Elles ne viennent donc pas d’un pays lointain mais ce sont simplement des insectes locaux dont les populations explosent certaines années, portées par des conditions climatiques particulièrement favorables.

 

 

Faut-il vraiment s’en inquiéter ?

 

Malgré leur présence parfois massive, ces punaises restent totalement inoffensives pour l’homme comme pour les animaux domestiques. Elles ne piquent pas, ne mordent pas, et ne véhiculent aucune maladie connue. Contrairement à d’autres punaises, elles ne dégagent pas non plus d’odeur désagréable lorsqu’on les dérange ou les manipule.

 

Leur nuisance est surtout visuelle et psychologique : voir des grappes d’insectes courir sur un mur ou s’accumuler près d’une porte peut donner une impression d’invasion peu rassurante. Pour les personnes mal à l’aise à la vue d’insectes, il va sans dire qu’il s’agit aussi d’un véritable inconfort.

 

Pour éviter qu’elles ne s’invitent à l’intérieur, il est fortement conseillé de vérifier l’étanchéité des portes et fenêtres, de calfeutrer les petites fissures et, si besoin, d’installer des moustiquaires.

 

Dans tous les cas, inutile de paniquer ou de déclencher des traitements lourds : ces punaises finiront par disparaître d’elles-mêmes lorsque le froid s’installera durablement. 

Elles ont par ailleurs une espérance de vie relativement courte, généralement de quelques semaines à quelques mois selon les conditions climatiques. 

 

Un peu de patience et quelques précautions suffisent généralement à limiter leur intrusion.

 

 

Quand le climat ouvre la porte aux punaises

 

Cette invasion spectaculaire trouve sans doute son origine dans la météo particulièrement clémente de ces dernières semaines. La précocité de l’arrivée de l’été dans notre département et ces températures élevées ont favorisé le développement et le maintien des colonies. 

 

La chaleur accélère leur cycle de reproduction tandis que la végétation sèche multiplie les graines à disposition, favorisant leur prolifération.

 

Certains spécialistes avancent même que les sécheresses répétées et le réchauffement global créent des conditions idéales pour ces insectes granivores, qui trouvent ainsi plus facilement de quoi se nourrir et se reproduire en grand nombre. Dans les Pyrénées-Orientales, ces phénomènes climatiques s’installent d’année en année, laissant craindre que ce genre de proliférations ne devienne plus fréquent à l’avenir.

 

En attendant, il faudra composer avec leur présence tout au long de la saison chaude, jusqu’à ce que la météo évolue ou que leur cycle naturel s’épuise. Un phénomène impressionnant, mais qui reste avant tout une affaire de conditions environnementales, sans risque réel pour la population.

 

 

 

Remontée de podcast

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