Frelon asiatique : la menace grandit dans les Pyrénées-Orientales, Ille-sur-Têt ouvre la voie à la lutte
Publié : 3 juillet 2025 à 17h40 par Samuel Bravo
Installé durablement dans les Pyrénées-Orientales, le frelon asiatique poursuit son expansion inquiétante, gagnant chaque année de nouveaux territoires. Cet envahisseur redouté s’attaque non seulement aux ruches, mais menace aussi l’équilibre des écosystèmes locaux et fragilise l’activité apicole. Face à cette menace grandissante, la commune d’Ille-sur-Têt se mobilise activement, engageant une lutte collective qui pourrait bien servir d’exemple à tout le territoire.
Un fléau pour la nature
Originaire d’Asie, le frelon asiatique s’est discrètement implanté en France au milieu des années 2000 avant d’entamer une progression fulgurante sur l’ensemble du territoire. Reconnaissable à sa grande taille, à son thorax noir et à ses pattes jaunes, ce prédateur redoutable constitue une menace directe pour les abeilles domestiques et sauvages, dont il décime les colonies.
Chaque frelon adulte peut capturer jusqu’à cinquante abeilles par jour pour nourrir ses larves, compromettant ainsi le travail patient des apiculteurs et fragilisant la pollinisation, essentielle à la reproduction de nombreuses plantes cultivées et sauvages.
« Depuis son apparition en France, ce prédateur représente une menace pour nos abeilles, essentielles à la pollinisation et donc à l’équilibre de l’environnement », souligne Armande Iglésias, conseillère municipale à Ille-sur-Têt.
En faisant chuter les populations de pollinisateurs, il déséquilibre la chaîne alimentaire et contribue, à terme, à appauvrir la biodiversité.
Sa dangerosité est aussi sanitaire : ses piqûres multiples, en cas de dérangement d’un nid, représentent un risque accru pour les personnes allergiques et peuvent nécessiter des hospitalisations d’urgence. Autant de raisons qui font de la lutte contre cet insecte invasif un enjeu environnemental, économique et de santé publique majeur.
Une forte implantation dans les Pyrénées-Orientales
Dans les Pyrénées-Orientales, la présence du frelon asiatique ne cesse de s’intensifier d’année en année. Du littoral jusqu’aux premiers reliefs du Conflent, le département est désormais largement colonisé. Les signalements de nids se multiplient au printemps et en été, aussi bien en zone rurale qu’au cœur des agglomérations, témoignant de la capacité d’adaptation de cet insecte invasif.
Les apiculteurs locaux, particulièrement touchés, constatent des pertes de ruches importantes et un stress accru sur leurs colonies, obligées de réduire leurs sorties pour échapper aux attaques.
Pour tenter d’enrayer sa progression, des campagnes de piégeage sont organisées à l’échelle départementale, en lien avec les syndicats apicoles et la Fédération Régionale de Défense contre les Organismes Nuisibles (FREDON). Il s’agit d’installer des pièges spécifiques, souvent constitués de bouteilles, destinés à capturer les « fondatrices » au printemps, période cruciale où les futures reines sortent d’hibernation pour établir de nouveaux nids. Ces dispositifs permettent de limiter localement la population, mais restent insuffisants face à la rapidité de reproduction du frelon asiatique.
Dans les Pyrénées-Orientales, c’est la FREDON Occitanie, à l’aide d’une antenne départementale, qui coordonne beaucoup d’actions comme le piégeage du frelon asiatique ou la sensibilisation des communes.
À Ille-sur-Têt, la riposte s’organise contre l’envahisseur
Depuis 2022, la commune d’Ille-sur-Têt s’engage activement dans la lutte contre le frelon asiatique, une menace bien réelle pour la biodiversité et l’apiculture locale. Face à la présence croissante de cet insecte invasif, capable d’abriter jusqu’à 2 000 frelons dans un seul nid et de décimer en quelques jours des dizaines de milliers d’abeilles, la municipalité a mis en place une procédure claire et coordonnée de signalement et de destruction des nids.
Les habitants sont invités à ne pas intervenir eux-mêmes, mais à alerter les services techniques, qui évaluent la situation avant de faire appel à des entreprises spécialisées, financées par la commune pour les nids situés à proximité des habitations.
Cette organisation résulte d’une concertation réunissant élus, services municipaux et spécialistes, garantissant une réponse efficace et sécurisée face au problème. Parallèlement, la mairie poursuit des actions de sensibilisation, en partenariat avec la Maison de l’apiculture, proposant des ateliers ouverts à tous pour apprendre à reconnaître le frelon asiatique, comprendre son cycle de vie et fabriquer des pièges sélectifs.
La commune soutient également l’achat de pièges et de supports pédagogiques, rappelant l’importance de respecter des périodes précises pour leur utilisation afin de protéger les autres pollinisateurs.
« Consciente de cet enjeu, la mairie d’Ille-sur-Têt s’est engagée depuis 3 ans dans la lutte contre cette espèce invasive. Mais cette lutte ne peut être efficace que si elle est collective. C’est pourquoi cet atelier est important. Il va nous permettre d’échanger des connaissances, de partager des bonnes pratiques et d’agir ensemble » expliquait Armande Iglésias.
Par son engagement durable et collectif, Ille-sur-Têt illustre parfaitement comment une mobilisation locale peut contribuer à freiner l’expansion de ce fléau, tout en préservant la sécurité des habitants et l’équilibre des écosystèmes.